Article par Christine Hamon dans Le Parisien

 

Hippisme : Des hommes, des destins, des récompenses

Samedi soir, sur l’hippodrome de ParisLongchamp se déroulait la cérémonie des Trophées du personnel. Cet événement, organisé par Godolphin et France Galop, a mis à l’honneur les hommes et les femmes de l’ombre du milieu hippique. Une soirée riche en émotion.

 ParisLongchamp, le 23 novembre. À l’issue de la cérémonie de remise des trophées du personnel des courses, les lauréats se sont regroupés sur le podium pour immortaliser cette soirée mémorable.
ParisLongchamp, le 23 novembre. À l’issue de la cérémonie de remise des trophées du personnel des courses, les lauréats se sont regroupés sur le podium pour immortaliser cette soirée mémorable. Scoopdyga/Elliott Chouraqui.

Le 24 novembre 2019 à 13h50, modifié le 24 novembre 2019 à 15h58
Il est arrivé chez Marcel Rolland à l’âge de 14 ans. Cela fait 39 ans que Jean-Philippe Grente, exerce pour cet entraîneur de galop. À 53 ans, le titre d’employé de l’année lui a été décerné lors de la remise des Trophées du Personnel des courses et de l’élevage, pour son implication totale envers le secteur hippique. Apprenti, il est ensuite devenu jockey de plat, puis d’obstacle, avant d’exercer la profession d’assistant entraîneur et être désormais, le numéro deux de l’écurie. Une très belle ascension. « Je n’avais aucune raison de changer de maison. J’ai eu la chance d’évoluer constamment chez Monsieur Rolland. Et maintenant, nous sommes presque un vieux couple », confiait, aux alentours de minuit, l’homme que la vie n’a pas toujours gâté.
« Une première récompense était déjà l’apothéose »
Alors que la nuit plongeait le temple du galop dans l’obscurité, Jean-Philippe Grente, le regard dans le vide, ne réalisait toujours pas ce qui lui arrivait, serrant contre lui la plus précieuse récompense, sa seconde de la soirée. Cette soirée récompensait six lauréats parmi lesquels émergeait l’Homme de l’année. « Obtenir une première récompense dans la catégorie Leadership/Responsable d’équipe est déjà l’apothéose », déclarait ce grand sportif, inconditionnel de la course à pied. « J’ai participé à quatre marathons de Paris. Je cours pour le Mécénat de chirurgie cardiaque du professeur Francine Leca », tenait à préciser le professionnel.
« C’est un homme très engagé, fort dans sa tête », admire le jockey d’obstacles, Dylan Ubeda, très impressionné par le charisme du personnage. « Lorsque je suis arrivé à l’écurie, pour effectuer mon apprentissage, il me faisait peur. »
« C’est si important d’avoir une personne sur qui s’appuyer. De plus en plus les entraîneurs sont amenés à assumer de nouvelles responsabilités », déclarait Marcel Rolland, très ému et fier de la réussite de son employé.
Les larmes ont coulé. Les applaudissements ont retenti. Des accolades se sont échangées. Ce personnel, méconnu pour la plupart du grand public, possède un destin incroyable. Tout comme ce trio de la bonne humeur, 190 ans à eux trois. Ils concourraient dans la catégorie « Dévouement pour les courses ». Noël Graux, à 69 ans, s’appropriait, dans le courant de la soirée la statuette de bronze. « Nous avons été battus au poteau », commentaient amusés, Michel Darrieux et Olivier Taupin, ses deux concurrents. Entré dans les courses à treize ans, le gagnant ne parvient pas à lâcher son métier. Désormais au service de l’écurie de Julien Jouin, son dévouement indéfectible et sa grande connaissance des chevaux en font un pilier essentiel pour le lancement de la jeune écurie. « On m’a toujours dit que j’avais une tête de jockey, alors… », lance depuis le podium, celui qui a franchi dans sa jeunesse 450 fois la ligne d’arrivée en tête.
« Nous devrions vous remercier tous les jours pour votre engagement et votre abnégation »
De 69 ans à 18 ans pour la plus jeunes des récompensés, Chloé Humbert occupe déjà le poste de numéro deux chez Francis-Henri Graffard. « Les chevaux me rendent heureuse, exprimait-elle les yeux ruisselants. J’aime faire les choses et les faire bien. » Une qualité qui n’a pas échappé à son employeur à l’issue de ses trois années d’apprentissage. « Cet univers, je l’ai découvert pendant un stage en classe de troisième », racontait la passionnée.
Ils sont 2500, hommes et femmes, en France, à œuvrer pour les écuries de courses et les haras. Lad, garçon de voyage, jockey d’entraînement, assistant entraîneur, personnel administratif, autant de métiers de l’ombre sans lesquels les entreprises hippiques ne pourraient fonctionner. « Nous devrions vous remercier tous les jours pour votre engagement et votre abnégation », exprimait le Président de France Galop, Edouard de Rothschild, dans son discours de bienvenue.
Ils étaient quatre-vingt-trois nommés au départ, encore trop peu selon Lisa-Jane Graffard, la représentante de Godolphin en France. « Nous devons encourager les entraîneurs à présenter davantage de candidats ».

Anne-Juliette Bourcier, employée du haras de Saint-Voir (Allier) dans la catégorie Cavalier (ère) d’entraînement.

Jean-Philippe Grente, premier garçon de l’écurie Marcel Rolland (Oise) dans la catégorie Leadership/Responsable d’Equipe.

Justine Grandin, employée du haras du Buff (Orne) dans la catégorie Personnel administratif.

Melissa Delalande, employée à l’écurie des Monceaux (Calvados), dans la catégorie Personnel de Haras.

Noël Graux, employé de l’écurie Julien Jouin (Maine-et-Loire), dans la catégorie Dévouement pour les courses.

Chloé Humbert, employée de l’écurie Francis-Henri Graffard (Oise), dans la catégorie Jeune Espoir.

 

Parmi ces six finalistes, le Trophée du Personnel revient à Jean-Philippe Grente, déclaré employé de l’année.

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